La plume à Ousmane, bonne lecture !

Vers les années 2010, ma vie était partagée entre les salles de classe, les marchés et les rues de Conakry.

Les salles de classe pour la quête du savoir, les marchés et les rues pour la survie quotidienne.

Pour un enfant totalement « gâté » par sa grand-mère, cette nouvelle vie était presque insurmontable.

À peine arrivé de mon paisible Koba, Conakry me dévoila ses atouts, mais surtout ses griefs.

Mes courses à pied allaient de Lansanayah Barrage au Palais du Peuple.

J’étais instinctivement guidé par un précaire espoir qui me promettait qu’à chaque 10 minutes de marche, j’aurais un client quelque part. Cet espoir me tenait la main de Lansanayah au Palais du Peuple de Conakry. À pied, bien sûr !

Dans l’une de mes nombreuses aventures de fabrication et de vente de bracelets, j’ai rencontré un jeune homme. Un certain René Kamano, communément nommé « Arrangeur » pour de nombreux services qu’il rendait.

Comme moi, il fabriquait et vendait aussi des bracelets « Koltchio ».

Aussitôt, nous nous sommes liés d’amitié. Nous avions beaucoup de choses en commun : famille pauvre, sans soutien, ni espoir.

En plus, nous avions également en commun le grand rêve d’affronter la vie, de nous forger et de surmonter toutes les épreuves, aussi lointaines et dures soient-elles.

Au nom de cette lutte, nous sommes devenus de vrais « 12 métiers ». Nous avions notre petit secret : ne jamais dire « Je ne peux pas », « Je ne veux pas » ou « Je ne fais pas » tant qu’il y avait du profit sans remords.

Nous avons presque tout essayé : artisanat, répétitions à domicile, emballages de cadeaux, sérigraphie, dessins sur mur, peintures…

Il y avait quand même une légère différence. Lui, avait une entrée couchée dans un foyer familial, moi, j’étais presque un SDF.

Un jour, il me fit l’une des meilleures propositions de ma vie : venir rester avec lui et partager sa chambre.

Plusieurs années à presque tout partager : habits, nourriture, peines, joies… Plus les années passaient, plus l’amitié cédait à la fraternité.

René n’était plus un ami, mais un frère, un tuteur, un protecteur… que sais-je encore ?

Les années sont passées, on a changé, mais on n’a pas changé.

Cher ami, je veux te rendre un grand hommage pour tout le service que tu continues à me rendre. Tu es un ange.

C’est vrai, entre amis, il arrive de temps en temps de se dépanner des petites crises économiques, mais entre toi et moi, ce n’était plus une question de dépannage, mais celle d’adoption. Tu m’avais adopté. MERCI

Que Dieu nous garde aussi longtemps pour récolter ensemble les fruits de toutes ces années de dur labeur.

JE T’AIME PLUS FORT AUJOURD’HUI QU’HIER

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