Dans les années 80 et 90, la Guinée vit émerger ses premiers mouvements hip-hop, portés par les voix tranchantes et diversifiées des jeunes issus des quartiers populaires. Parmi eux, DEGG J FORCE 3, un trio formé en 1997 dans le quartier populaire de Boulbinet.

Mélangeant habilement rap, R&B et Soul, Moussa Mbaye, Ablaye Mbaye Skandal et Mouzis ont rapidement conquis la scène musicale urbaine guinéenne, succédant au légendaire groupe « Kill Point ». Leur talent éclate avec la compilation « Afrique Hardcore » en 2000, suivie de leur premier opus « Machallah » en 2001, vendu à plus de 78 000 exemplaires.

Le groupe maintient sa constance en participant à tous les projets d’envergure de l’époque, tels que la compilation 2002, Freedom Fighters 2003 (enregistré à Dakar dans le studio de Youssou Ndour), la Saga Hip Hop Vol. 2 en 2003, et l’album « Jusqu’au bout » sorti en 2005. Leur palmarès inclut plusieurs trophées prestigieux :

• Meilleure révélation de rap en 2000,
• Concours rap « Poussin » en 1999,
• Meilleur album rap du Djémbé d’or de 2002,
• K7 d’or et meilleure voix soul de 1996 à 2000.

Résistance contre Vent et Marée

À partir de 2007, la musique urbaine guinéenne s’ouvre à de nouveaux horizons avec l’arrivée triomphale de talents tels que TAKANA ZION, Banlieuz’art, Instinct Killer et Singleton. Tandis que d’autres grandes voix cèdent la place à cette nouvelle vague, DEGG J FORCE 3 refuse de se laisser vaincre. Le groupe se modernise rapidement et s’adapte à la nouvelle tendance avec des projets comme “Reste indépendant”, “Débrouillard”, et le plus récent “Dynastie” sorti en 2017. Des titres tels que « Gnakry King Dom », « Akolon », « Falé » envahissent les espaces publics et lieux de réjouissance. Le titre « Falé » attire même l’attention des institutions internationales telles que l’Union européenne et l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM) pour sensibiliser les jeunes contre la migration irrégulière.

Business pour Nourrir le Show

Le show est éphémère, mais le business est pérenne. Les frères M’baye, témoins de nombreuses tristes fins de carrière sur fond de précarité, l’ont bien compris. Visionnaires, ils se lancent dans les affaires en créant le label Meurs Libre Productions (MLP) en 2004. Spécialisé dans l’événementiel, l’ingénierie culturelle, la médiation culturelle et la production musicale, le label réalise de nombreux projets musicaux avec le studio Machallah. De grands noms comme Instinct Killers, Banlieuz’art, King Alasko et Champion-Youth s’y sont produits.

MLP s’internationalise en établissant des antennes à Montréal et Québec (Canada) sous le nom “MLP INC” à partir de 2013. En septembre 2023, MLP s’associe au Branding national pour valoriser la Guinée sur tous les plans et promouvoir son riche patrimoine culturel. Le titre « La Guinée mon paradis », interprété par une dizaine d’artistes en vogue, devient très viral sur les médias sociaux.

En 2023, « la Cité des Arts » reçoit la confiance de l’Agence Belge de Développement (Enabel Guinée), dans le cadre du projet Guinée Créative financé par l’Union européenne. Ce soutien permet à Moussa, l’aîné des frères Mbaye, de créer un espace de formation, d’exposition et de vente de produits culturels issus du génie guinéen.

Alliant brillamment show et business, le groupe continue de se produire sur la scène internationale, participant à des événements culturels tels que le Festival Nuits d’Afrique, le Festival de Tremblant et la Guinée au Zénith.

Le 6 juillet 2023, le groupe a réalisé un moment de grandes retrouvailles avec ses fans lors d’un show à la saveur nostalgique de la Old School au Centre Culturel Franco Guinéen de Conakry.